à l'article de la mort
Comme un virus
Le refus du dialogue
Bélanger, Nous
Mon beau sapin
La maladie des hôpitaux
douleur et langage
Louis-Ferdinand
« Le rire de Céline servira encore contre beaucoup de faiseurs. Il est là, chœur syncopé, sur le devant de la scène : rien de ce qui s’agite, affirme, s’arrête, ne lui échappe. Aucune maladie. Aucune excroissance. Prose antibiotique, qui défend, comme les dragons des contes, l’entrée de la poésie. » (Philippe Sollers, Théorie des Exceptions, Gallimard, Folio Essais, 1985, p 112-114.)
Comment écrire?
100 films
Affiche ta ville
Dylan en interview, avant et après
Lukàcs ou une éthique du meurtre
Allô Michael
Montréal café
Le dernier repas d'un condamné
Les petites juives
Travaux forcés
Travaux forcés. Ou, pour les intimes, les travaux de fin de session.
Une écriture de note de bas de page.
Un travail d'université, c'est une bibliographie dûment commentée.
Déplaisir. Gymnastique dépourvue de sens.
Pour les vraies notes de bas de page et les vraies bibliographies, encore moins d'estime. Je sais que le professeur qui me corrige ne lit ni les notes de bas de page ni la bibliographie. Oh, il jette un œil. Il s’assure que tout est là, pour la forme.
J’ai le sentiment d’être à côté. Je me sens comme le pompier qui sortirait les meubles d’une maison qui brûle. Mieux, un pompier qui éteindrait un feu de poubelle.
le Grand rire
Il faut naturellement rire à tout prix. C’en est devenu déplacé cette manie de rire sans arrêt. Nous sommes malades de rire, incapables d’arrêter de rire. Comme quand un enfant a le fou rire, on le trouve drôle au début et puis après on lui dit : « mais arrête donc! », on s’excuse auprès des autres. On se sent mal, bien entendu. C’est déplacé tout ça. « Je crois qu’il est fatigué, mon enfant ». Tout d’un coup, ce n’est plus drôle. Et l’on punit l’enfant.
Il y a eu la Grande Guerre, mais je crois que nous sommes à l’époque du Grand rire. Un rire collectif.
Les gens du futur, ils vont voir toutes nos sitcoms, nos émissions de variétés et ils vont se dire que c’est un non-sens. Mais, ils ne riront plus de la même chose que nous. Forcément, nous rions du présent, de situations bêtes qui sont les nôtres. Nous rions de notre quotidien et eux, les gens du futur, riront de nous.
Je crois qu’ils vont se demander pourquoi ils avaient autant besoin de rire. Étaient-ils dépressifs?
- …
- Étaient-ils dépressifs?
- …
Humour noir
Été voir le documentaire sur Laferrière à l’ex Ex-Centris, dont il reste une salle de cinéma : Le parallèle. Joli minois d’ailleurs. L’ancien Ex-Centris est transformé en lounge bon chic bon genre et on y donne des concerts jazz. L’art s’embourgeoise.
Il y avait un pauvre type dans la salle. Un vrai de vrai, qui a applaudi à tout rompre à la fin de la séance et qui s’est mis à crier des « bravos! », « bravos! » comme s’il était à l’opéra ou à la première pièce de théâtre de sa fille. Eh bien, le pauvre type, figurez-vous que je n’ai pas été surpris de l’entendre parler d’ « humour noir » et de « fine ironie » à la sortie de la salle. Ayant le nez pour flairer pareils imposteurs, j’ai tendu l’oreille. Celui que je croyais être un pauvre type, un papa de centre communautaire, est en fait du « milieu » artistique.
Je déteste les gens quand ils parlent d’art.
Ce type, je l’avais de travers. Ceux qui me connaissent savent combien je peux faire un cas en pareilles circonstances. Me suis dis : « bah, oublie ça. » N’empêche que j’aurais dû le reconnaître avec son foulard à la Franco Nuovo… J’ai ri un bon coup, intérieurement bien sûr, en me rappelant qu’il parlait de l’humour nègre de Dany Laferrière. Mais pas d’humour noir là-dedans mon ami, ça non, juste la réalité haïtienne.
Le documentaire, je vais y arriver.
La cassette que Dany Laferrière nous passe depuis des années sur toutes les tribunes, c’est celle de ce film. Le docu est bien ficelé. Faudrait écouter ce qu’il a à nous dire une dernière fois, Dany. Et ce film, je le réécouterai après sa mort.
Un des Péruviens qui a travaillé avec Pedro Ruiz, le réalisateur, est venu nous parler en début de séance. Pour tourner, ils sont partis, neuf sherpas entêtés, puis ils ont bouclé le film avec les moyens du bord. Ils ont suivi Laferrière, comme une rock star, en Haïti, à New York, partout. La scène où l’on voit Dany en compagnie du poète Frankétienne est géniale. Ce Frankétienne, chez Mémoire d’encrier, je vous le recommande.
On nous repasse des scènes des films de Dany Laferrière avec Maka Kotto et Michel Mpambara, notamment. C’est aussi plaisant de voir Laferrière tout enjoué, du temps où il faisait la météo à TQS.
Rien à battre
Jacques Ferron a écrit que « pour disposer de sa vie il n’y a qu’un moyen : choisir sa mort ». Ferron, il avait du front. L’écrivain québécois ne sait comment disposer de sa vie. Je l’invite à choisir avant qu’il ne meure d’une mort lente et souffrante.
Faut-il rapatrier les cercueils des écrivains québécois allés combattre en France? Après tout, cette rude France, c’est leur Mère patrie un peu honnie, leur terre promise chère Élise. Les coups qu’ils donnent, ils les rachètent vite, trop de demi-mesures et d’acquiescements de bon ton.
Le ton mielleux de la critique. Et les écrivains cautionnent ça?
Je vais leur en choisir une, une mort. Les écrivains québécois sont en quelque sorte déjà morts. Je dis : tous nos écrivains sont morts de complaisance.
Je n’en ai rien à battre qu’un écrivain soit consacré en France. La complaisance de la presse devient ridicule. On infantilise l’écrivain québécois. Là-dedans, dans ce discours-là auquel participe l’écrivain lui-même, il y a tellement d’institutionnalisme à deux sous! Une fois en France, ils peuvent bien les garder nos écrivains! On s’écriera autrement. Je dis qu’il faut faire une coupe à blanc. On reboisera.
Les mots manquent pour dire comment les écrivains me déçoivent.
Rien à battre des écrivains. Ni leur mollesse ni leur mièvrerie ne nous manqueront. Au Québec, les rares entrevues qu’ils accordaient dans les journaux étaient pour se flatter entre eux, pour réagir à des prix qu’ils se donnent entre eux et pour qu’on aille à leurs festivals où l’on n’est pas vraiment invités. Au Québec, on en a rien à battre d’eux. Une fois qu’ils vont en France, ils reviennent, ces dieux de pacotille, trôner comme une Vierge Marie dans leur pauvre jardin. Une lecture? Qui ira assister? Qui lira verra?
Rien à battre des écrivains.
Rien à battre de leurs « bonnes critiques » en France.
« La France est masculine et le Québec féminin. » Je suis bien d’accord avec cette affirmation que faisait Jacques Ferron à une autre époque pourtant pas si lointaine de la nôtre…
Quand tout cela sera fini, j’irai me recueillir sur la tombe de l’écrivain inconnu.