Rien à battre

Jacques Ferron a écrit que « pour disposer de sa vie il n’y a qu’un moyen : choisir sa mort ». Ferron, il avait du front. L’écrivain québécois ne sait comment disposer de sa vie. Je l’invite à choisir avant qu’il ne meure d’une mort lente et souffrante.

Faut-il rapatrier les cercueils des écrivains québécois allés combattre en France? Après tout, cette rude France, c’est leur Mère patrie un peu honnie, leur terre promise chère Élise. Les coups qu’ils donnent, ils les rachètent vite, trop de demi-mesures et d’acquiescements de bon ton.

Le ton mielleux de la critique. Et les écrivains cautionnent ça?

Je vais leur en choisir une, une mort. Les écrivains québécois sont en quelque sorte déjà morts. Je dis : tous nos écrivains sont morts de complaisance.

Je n’en ai rien à battre qu’un écrivain soit consacré en France. La complaisance de la presse devient ridicule. On infantilise l’écrivain québécois. Là-dedans, dans ce discours-là auquel participe l’écrivain lui-même, il y a tellement d’institutionnalisme à deux sous! Une fois en France, ils peuvent bien les garder nos écrivains! On s’écriera autrement. Je dis qu’il faut faire une coupe à blanc. On reboisera.

Les mots manquent pour dire comment les écrivains me déçoivent.

Rien à battre des écrivains. Ni leur mollesse ni leur mièvrerie ne nous manqueront. Au Québec, les rares entrevues qu’ils accordaient dans les journaux étaient pour se flatter entre eux, pour réagir à des prix qu’ils se donnent entre eux et pour qu’on aille à leurs festivals où l’on n’est pas vraiment invités. Au Québec, on en a rien à battre d’eux. Une fois qu’ils vont en France, ils reviennent, ces dieux de pacotille, trôner comme une Vierge Marie dans leur pauvre jardin. Une lecture? Qui ira assister? Qui lira verra?

Rien à battre des écrivains.

Rien à battre de leurs « bonnes critiques » en France.

« La France est masculine et le Québec féminin. » Je suis bien d’accord avec cette affirmation que faisait Jacques Ferron à une autre époque pourtant pas si lointaine de la nôtre…

Quand tout cela sera fini, j’irai me recueillir sur la tombe de l’écrivain inconnu.

L'hiver de force


C'est le début de ma vie enregistrée.