Contrôle parental



C'est plutôt évident mais Roland Barthes m'a fait réaliser que la voiture agit comme un contrôle parental


Les parents vont reconduire leurs enfants pour qu'ils jouent avec des enfants avec lesquels ils veulent bien qu'ils jouent.
Des enfants de même classe sociale, de préférence.

C'est que, hors du quartier où ils ont choisi d'habiter, les parents contrôlent les fréquentations de leur enfant jusqu'à ce que lui-ci ait lui même l'âge de se déplacer... en auto.

Bien sûr, on prend la bicyclette pour se déplacer. Mais on ne va guère loin en pédalant. La banlieue, isolée de la ville par des ponts, des autoroutes et des rivières, éloigne les enfants de la pauvreté, la vraie.

La voiture comme instrument de contrôle? Sans charrier, il faut bien admettre que nos villes sont construites en fonction de l'auto et, par là, aident à créer des barrières physiques.

Où va la littérature

Pas une question. Où va la littérature dans le sens de la direction qu'elle prend.
Je suis conscient que c'est un peu longuet, mais, sur l'engagement de l'écrivain, ça vaut la peine de s'arrêter.

En complément de l'article sur Jean Larose, qui, tout de même, méritait qu'on se livre à une réflexion digne de ce nom.

Trouvé ce paragraphe chez Maurice Blanchot dans Le livre à venir, "Où va la littérature", p. 366.

"Cependant, lorsque l'écrivain se porte, avec un tel entraînement, vers le souci de l'existence anonyme et neutre qu'est l'existence publique, lorsqu'il semble n'avoir plus d'autre intérêt, ni d'autre horizon, ne se préoccupe-t-il pas de ce qui ne devrait jamais l'occuper lui-même, ou seulement indirectement?

[...]

Si aujourd'hui l'écrivain, croyant descendre aux enfers, se contente de descendre dans la rue, c'est que les deux fleuves, les deux grands mouvements de la communication élémentaire, tendent, passant l'un dans l'autre, à se confondre. C'est que la profonde rumeur originelle - là où quelque chose est dit mais sans parole, où quelque chose se tait mais sans silence - n'est pas sans ressembler à la parole non parlante, l'entente mal entendue et toujours à l'écoute, qu'est "l'esprit" et la "voie" publics. De là que, bien souvent, l'oeuvre cherche à être publiée, avant d'être, cherchant la réalisation, non pas dans l'espace qui lui est propre, mais dans l'animation extérieure, cette vie qui est de riche apparence, mais, lorsqu'on veut se l'approprier, dangereusement inconsistante."

Temps du récit

Dans l'extrait proposé, analysez le temps du récit dans une minute de tremblement de terre.

Ceux qui étudient la littérature le savent : il faut se méfier du temps. Laferrière écrit que "le vrai temps" était sorti des décombres pour interpeller les haïtiens. Qu'est-ce que peut bien être le vrai temps?

"Je ne savais pas que 60 secondes pouvaient durer aussi longtemps", écrit Dany Laferrière à propos de la nuit du tremblement de terre.

La suite : "Et qu'une nuit pouvait n'avoir plus de fin. Plus de radio, les antennes étant cassées. Plus de télé. Plus d'Internet. Plus de téléphones portables. Le temps n'estplus un objet qui sert à communiquer. On avait l'impression que le vrai temps s'était glissé dans les 60 secondes qu'ont duré les premières violentes secousses."


Les dinosaures


Récemment, Jean Larose abordait la technologie dans sa chronique littéraire publiée dans le Devoir.

Des dinosaures qui écrivent dans ce journal, je vous dis.
Sont là à s'acharner sur le "blog", Facebook et Youtube. Cette technologie dont il ont si peu l'expérience pratique, par ailleurs.

Larose écrit le Collectif en y mettant un grand C. Il dit que ce collectif en a quelque chose contre le fait de lire seul, d'écrire seul et de penser seul. Que c'est ça se révolter, penser seul. Non, au contraire, quand tu es seul, tu le demeures. N'est pas Proust qui veut monsieur Larose. Le monde, y s'en fout éperdument que l'intellectuel reste seul dans son coin. Rien ne sert d'être masturbateur, mieux vaut s'en rendre compte à temps.
Cette posture systématique qui consiste à se poser en victime du Social par un pauvre écrivain solitaire devient illusoire. Cette posture est accablante. Oui, c'est le propre du penseur d'être solitaire... il n'y a pas à en rajouter.
Et pis, pour les réseaux sociaux, ils ne nuisent en rien à l'écriture. Ce ne sont pas des pratiques du même ordre.

Et s'attaquer au Kindle, ou faire mention de sa non-pertinence, c'est comme s'attaquer à Internet, aux ordinateurs portables, comme s'ils allaient tous remplacer le stylo. Ce sont des outils. Les outils qu'on utilise pour écrire ou lire ne compromettent en rien l'activité littéraire.
Fuck les dinosaures!


L'illusion comique

Lu sur Facebook :


This is a fan page. I never said that I am Joe Sacco. You only have to read the information of this page. This is only a tribute to his work. If some day Mr Joe Sacco wants to use or delete this page hi only have to contact us and we will respect his decision. Internet bring us the possibility of share ours referents with people around the world.


Ceci provenait d'une "Fan page". Le contrat implicite nous dit que ce n'est pas Joe Sacco qui est derrière les commentaires émis, bien entendu. Mais tout de même, qu'on ait à le préciser, il me semble, démontre à quel point la ligne est mince entre le vrai Joe Sacco et celui-qui-écrit-en-son-nom pour-lui-rendre-hommage.

Ça ouvre des possibilités! On peut devenir de grands personnages, se glisser dans leur peau et leur faire dire ce qu'on veut. J'y pense... l'idée me plaît. Alors, si jamais vous tombez sur une Madame de Pompadour trop vulgaire pour être vraie sur Facebook...

Qui est derrière qui?



Une sabbatique




Tous les profs prennent des sabbatiques, c'est bien connu. La sabbatique c'est le paradis perdu. Y prennent ça avant de prendre des anti-dépresseurs. Le plus souvent, un prof profite d'une année sabbatique pour écrire sur ce qui l'intéresse vraiment.

Ce doit être comme attendre dimanche toute la semaine.

Un ami me disait qu'il espérait de l'année sabbatique de Jean Grondin un ouvrage de son propre cru sur la métaphysique comme d'autres espèrent que le Canadien fasse les séries.

Pourquoi attendre d'être en sabbatique?
Selon Zizek, ça en dirait long sur l'état du système d'éducation actuel.




Crise et capitalisme


Nous qui venons d'en vivre une, une "crise"... Avez-vous constaté des changements notables?

Zizek sur le capitalisme:
"crisis are used to reinforce the ideology of the system itself."

Une position scabreuse


Ce type-là va se faire fracasser les vitres de son char.

Les employés du Journal de Montréal en lock-out cherchaient un scab depuis longtemps. Ils l'ont. Il va en baver.

Je ne sais pas à quoi il a pensé.

Traverser une ligne de grève, ça ne se fait pas.
Quand un journal est dehors depuis plus d'un an...
Ça ne se fait juste pas.

Le livre électronique donne des boutons



Encore au banc des accusés: la technologie et son incidence sur nos habitudes de lecture.

La chronique de Jean Larose de samedi dernier dans Le Devoir, non sans ironie, évoque le « spectre [qui] hante le monde du livre ». Un autre résistant, ce Larose... même s'il écrit que « chacun sent que toute résistance est vaine ». On sait bien que pour lui c'est tout le contraire, que lui, il reste seul à lire, à écrire, à penser.
Ce devient une maladie chronique d'envoyer au diable la technologie au Devoir. Dans les pages littéraires, on a des boutons chaque fois qu'on entend parler du livre électronique.

On en vient à se demander si la moyenne d'âge au-dessus des 60 ans des journalistes du cahier littéraire ne les rattrape pas.

Plus ça va, plus je me dis que ce n'est pas de la bonne manière qu'on aborde ce débat (?) technologique qui risque anéantir des millénaires de pages écrites. On n'a pas à être pour au contre, on n'a pas à se battre contre des moulins.

J'aime bien la réaction de Nicolas Dickner sur Hors champ :

"Nous sommes en plein Web 2.0: l'époque de la littérature sociale.

Presque tout le monde y patauge. Nonagénaires, condamnés à mort et luddites - sans compter ceux qui ne s'abonnent que pour dire au monde entier à quel point tout ça les emmerde.

Voulez savoir mon avis? Ce n'est ni bien ni moche. Parfois un peu lassant - comme cette vieille télévision qui, au plafond de l'urgence de l'hôpital Saint-Luc, joue 24 heures sur 24, dans l'indifférence générale."