L'interprétation de la crise

"La philosophie aujourd'hui c'est l'interprétation de la crise"




Je ne sais plus de quelle crise il parle.

Ce n'est pas la crise du logement.

Ce n'est pas la crise des subprimes.

C'est sûrement la crise européenne de l'endettement. Celle qui refait le parcours de la civilisation : la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne... L'économie se défait dans l'ordre et le numéro gagnant est décomposable dans les deux sens.

Peu importe l'économie. Éternel retour du même comme dirait l'autre, qui était un éternel moustachu avant qu'on te paie pour porter la moustache.

j'aime. J'aime entendre parler Sloterdijk en français.

Toujours agréable d'entendre la voix d'un écrivain, d'un philosophe. Elle nous accompagne pendant notre lecture.

McDo mon amour




Je vais manger chez McDonald's pour la première fois depuis des mois. Non ce n'est pas vrai. On dit ça parce qu'il faut dire ça.

Toujours est-il que je prends deux cheeseburgers sans frites. Ça non plus ce n'est pas vrai : j'ai pris des frites. Mais je vous avertis seulement qu'il faut dire ça aussi quand on nous demande ce qu'on a mangé. C'est comme pour s'excuser à notre interlocuteur d'y être allé.

J'ouvre mes cheeseburgers : je défroisse le papier jaune et je le mets en boule. Ça fait partie du plaisir de faire une boulette avec le papier à cheese.

Je regarde à l'intérieur de mon burger. Oui, par réflexe je décalotte le pain du haut pour voir ce qu'il y a. Désappointé. Un seul cornichon. J'ouvre l'autre, même affaire. « Ce doit bien faire 24 ans que je suis client chez vous, madame, et il y a toujours eu deux cornichons dans mon cheeseburger. » Je ne me suis pas fait prier pour aller leur dire ma façon de penser.

J'ai plusieurs armes pour me faire oublier ce faux pas. Le Journal de Montréal a su m'accompagner pendant mon joyeux festin. J'engloutissais mes frites en toute quiétude, deux par deux trempées dans les cups de ketchup selon un rituel précis, quand j'étais las de mon Journal de Montréal national. Pas grave. L'ambiance est détendue, comme on dit, vraiment surprenante. Je me demande d'ailleurs quel est ce tube qui joue présentement.

C'est là que je me souviens que j'ai un téléphone intelligent qui contient une application magique : Shazam. J'ouvre ladite application qui permet de savoir le titre de n'importe quelle chanson à tout moment. Résultat : c'est The Rippingtons qui joue la chanson Côte d'Azur.

Je retourne à l'hôtel. Une heure plus tard, je me dis non ça ne se peut pas. Eh oui, on joue la même chanson dans le lobby. Je la Shazam encore pour confirmer sans l'ombre d'un doute mon intuition.

Comment se fait-il qu'à l'hôtel ou au McCafé (le nouveau nom bon chic bon genre des mêmes fast-foods qui ont marqué mon enfance) on joue les mêmes pièces musicales? Ce doit être le phénomène mondialisme ou la faute d'un autre isme.

Version lente

Voici une version plus lente de Interstate. C'est meilleur lentement.

Lâche


J'ai lâché ce blogue. Je n'ai plus rien à dire. Ce sera pour mieux y revenir cet automne.



Ma ville, mon centre-ville!

Ce slogan publicitaire de la Ville.

J'ai beau la retourner cent fois dans ma tête je ne sais trop ce qu'elle veut me dire cette phrase.

Je me sens comme si on essayait de me vendre une ville, ma ville. Soit, puisqu'il s'agit du sentiment qui prédomine, ce sera une relation marchande que j'aurai avec cette phrase.

Beaucoup de questions, tout de même.

Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours quelqu'un pour nous vendre quelque chose?

Mais là, c'est qui qui essaie de me vendre ma ville?

Il se cache où? (Dans une relation de vente, habituellement, je fais face à un vendeur.)

Et, cette ville, si j'y habite déjà, n'est-elle pas déjà à moi?

Peut-on acheter quelque chose qui nous appartient?

J'ai la tête qui tourne.

Je vais aller vivre à Beloeil, tiens, parce qu'à Beloeil "on s'y voit!".

Et cette compétition publicitaire entre les villes? Elle vient d'où?

Joli coup des boites de marketing d'avoir monté les villes les unes contre les autres. Je m'incline.

Tim Hortons Longueuil

Cette décision de la direction des Tim Hortons du Québec de ne plus avoir de journaux à la disposition des gens. Un monsieur s'en trouve choqué au comptoir. La dame casquée lui répond que c'est parce que le journal de Montréal était un journal de mauvaise qualité. Elle patine. La pauvre dame essaie de défendre l'indéfendable, ou plutôt de justifier une décision purement administrative. Il n'y a plus de journaux parce qu'on ne veut plus que les gens collent des heures et occupent une place qui pourrait être occupée par un autre caféinomane.

Plus de journaux. Je suis l'homme des yeux, et le voilà, quelques bouchées de beigne plus tard, en train de jaser avec sa voisine de table, Mme Lefrançois. Tiens donc! Est-ce que les gens finiraient par se parler entre eux? Une pointe d'humanité dans ce café beige?

Toujours est-il que le temps n'est pas plus beau avec ou sans les journaux. Ils jasent de la pluie.



Une ville de rêve, Le Paris de Woody Allen

À minuit, Owen Wilson embarque à bord d’une vieille Peugeot qui le transporte dans le Paris des années 20. Le personnage d’Owen Wilson laisse tout derrière lui – son mariage prend le bord – et se lance à corps perdu dans son roman qu’il retouche sous l’impulsion nouvelle d’une bonne fée. Il passe ses soirées à discuter avec Ernest Hemingway, Scott Fitzgerald, T.S. Eliot, Gertrude Stein et autres figures en vue du Paris artistique de l’époque. L’écrivain tourmenté partage ses vues sur l’art avec Buñuel, Man Ray, Dali et Picasso.

Le réalisateur se fait plaisir et cela transparaît. Non seulement le film baigne dans un onirisme enchanteur, mais il y a les chansons d’époque, les cabarets et les robes des dames. Ici, c’est moins Paris qui séduit, contrairement à ce que nombre de critiques ont rapporté que l’ambiance des années folles, que le carrousel improbable sur lequel Marion Cotillard jette son dévolu.


Et, à propos des premières minutes du film, qui enchaîne les clichés parisiens, la critique a écorché le film (il fallait bien critiquer si on accole le mot critique à côté de son nom). La critique n’a pas vu l’ironie toute allenienne des clichés touristiques. À force de répéter qu’il fait bon de marcher dans Paris sous la pluie, le personnage d’Owen Wilson conforte l’idée de l’artiste tourmenté qui est suivi par un nuage. On peut se demander si ce n’est pas l’artiste qui crée ce nuage gris qui le suit partout. Allen convoque également l’image littéraire du flâneur, ce promeneur parisien des lettres qu’on retrouve chez Baudelaire, chez Walter Benjamin.

Woody Allen s’offre un dialogue avec des auteurs qu’il affectionne. Il ouvre une brèche dans le temps. L’inimaginable devient possible. Wilson, écrivain peu sûr de lui, fait lire son manuscrit par Gertrude Stein et Papa Hemingway. Rien de moins. C’est le fantasme de tout scribouilleur que d’avoir l’aval des plus grands, ne serait-ce qu’un bon mot, ne serait-ce qu’une tape dans le dos qui permet d’écrire.


Woody Allen se permet une fantaisie. Il faut prendre ce film tel qu’il est : comme une promenade dans une ville de rêve.

L'humiliation

Vu : des travailleurs de chez Wal-Mart faire des exercices de motivation en plus d'un cri de ralliement. Et, en ce matin gris, je me suis dit que les mécanismes de l'humiliation prenaient toutes les formes. Dans combien d'endroits fait-on pareilles singeries?