Tim Hortons Longueuil

Cette décision de la direction des Tim Hortons du Québec de ne plus avoir de journaux à la disposition des gens. Un monsieur s'en trouve choqué au comptoir. La dame casquée lui répond que c'est parce que le journal de Montréal était un journal de mauvaise qualité. Elle patine. La pauvre dame essaie de défendre l'indéfendable, ou plutôt de justifier une décision purement administrative. Il n'y a plus de journaux parce qu'on ne veut plus que les gens collent des heures et occupent une place qui pourrait être occupée par un autre caféinomane.

Plus de journaux. Je suis l'homme des yeux, et le voilà, quelques bouchées de beigne plus tard, en train de jaser avec sa voisine de table, Mme Lefrançois. Tiens donc! Est-ce que les gens finiraient par se parler entre eux? Une pointe d'humanité dans ce café beige?

Toujours est-il que le temps n'est pas plus beau avec ou sans les journaux. Ils jasent de la pluie.



Une ville de rêve, Le Paris de Woody Allen

À minuit, Owen Wilson embarque à bord d’une vieille Peugeot qui le transporte dans le Paris des années 20. Le personnage d’Owen Wilson laisse tout derrière lui – son mariage prend le bord – et se lance à corps perdu dans son roman qu’il retouche sous l’impulsion nouvelle d’une bonne fée. Il passe ses soirées à discuter avec Ernest Hemingway, Scott Fitzgerald, T.S. Eliot, Gertrude Stein et autres figures en vue du Paris artistique de l’époque. L’écrivain tourmenté partage ses vues sur l’art avec Buñuel, Man Ray, Dali et Picasso.

Le réalisateur se fait plaisir et cela transparaît. Non seulement le film baigne dans un onirisme enchanteur, mais il y a les chansons d’époque, les cabarets et les robes des dames. Ici, c’est moins Paris qui séduit, contrairement à ce que nombre de critiques ont rapporté que l’ambiance des années folles, que le carrousel improbable sur lequel Marion Cotillard jette son dévolu.


Et, à propos des premières minutes du film, qui enchaîne les clichés parisiens, la critique a écorché le film (il fallait bien critiquer si on accole le mot critique à côté de son nom). La critique n’a pas vu l’ironie toute allenienne des clichés touristiques. À force de répéter qu’il fait bon de marcher dans Paris sous la pluie, le personnage d’Owen Wilson conforte l’idée de l’artiste tourmenté qui est suivi par un nuage. On peut se demander si ce n’est pas l’artiste qui crée ce nuage gris qui le suit partout. Allen convoque également l’image littéraire du flâneur, ce promeneur parisien des lettres qu’on retrouve chez Baudelaire, chez Walter Benjamin.

Woody Allen s’offre un dialogue avec des auteurs qu’il affectionne. Il ouvre une brèche dans le temps. L’inimaginable devient possible. Wilson, écrivain peu sûr de lui, fait lire son manuscrit par Gertrude Stein et Papa Hemingway. Rien de moins. C’est le fantasme de tout scribouilleur que d’avoir l’aval des plus grands, ne serait-ce qu’un bon mot, ne serait-ce qu’une tape dans le dos qui permet d’écrire.


Woody Allen se permet une fantaisie. Il faut prendre ce film tel qu’il est : comme une promenade dans une ville de rêve.

L'humiliation

Vu : des travailleurs de chez Wal-Mart faire des exercices de motivation en plus d'un cri de ralliement. Et, en ce matin gris, je me suis dit que les mécanismes de l'humiliation prenaient toutes les formes. Dans combien d'endroits fait-on pareilles singeries?