Vigneault


J'ai peur que ne meure Gilles Vigneault.

Je me demandais qui est-ce qui prendra "la relève"? Je dis "la relève" comme on le dit à tous les jours sur la première chaîne de Radio-Canada, comme si c'était un groupe, comme si... La relève, la relève! Alors, qui?
Nos poètes, on ne les voit pas sur les tribunes, se cachent derrière leurs machines à écrire, faut croire. Les chansonniers? Pierre Lapointe, pas sûr. Moffat, Dumas et autres se la roucoulent douce entre deux balades. Des engagés socialement, je veux dire. Les loquaces? Oui, certainement. Biz a fait le moulin à paroles et vient de publier un premier ouvrage. Remplacer le grand chef, non, jamais. Chanson pour chanson, je ne suis pas sûr que les Cowboys fringants et Karkwa aient de quoi rivaliser avec Gilles. Force est d'admettre qu'un Gilles Vigneault ne se remplace pas.

"L'étoile du match", disent les commentateurs de Twitter. Je l'ai trouvé fatigué, un peu. Il était quand même fringuant : c'est que d'habitude il pète le feu. J'ai peur pour Gilles.


Son passage de dimanche dernier à l'émission Tout le monde en parle : http://www.radio-canada.ca/emissions/tout_le_monde_en_parle/saison6/episode.asp?idDoc=108968&autoPlay=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2010/CBFT/ToutLeMondeEnParleEntrevues201004182000_1.asx

Rick


"I just wanna tell you how i'm feeling". N'est-ce pas merveilleux que de revivre?

Je voulais juste te dire comment je me sentais après avoir fini mes travaux de fin de session.
Exaltation printanière, quand tu nous guettes...

Le printemps, c'est comme une toune de Rick Astley.

Ça a une sale gueule, mais on se laisse emporter par l'enthousiasme.
Une sale gueule de ruelle qui se réveille au printemps.
Optimisme. Joie.

Ok, dorénavant je vais m'abstenir de faire des billets du type #StéphaneLaporte.

Le jugement de Dieu


Artaud, sur le jugement de Dieu, la fabrication des soldats...

Sa voix. Sa voix reconnaissable entre toutes, celle d'une vieille sorcière quand il pousse son "j'ai appriiiiiis hier" inaugural.

Le conditionnel


Barthes dit quelque part dans son Roland Barthes que le conditionnel est beaucoup trop lourd, qu'il faudrait un autre temps verbal pour dire légèrement.

Dans la langue, tiens, un autre temps. Légèrement.

Mettons qu'on veut refuser un emploi sans froisser la personne. On dit quoi? L'opportunité serait intéressante. La personne ne comprendrait pas. En disant, elle serait intéressante, l'opportunité, on démontre déjà trop d'intérêt. Ça y est, elle nous croit intéressé alors qu'on voudrait dire le contraire.

Je crois que le conditionnel n'a pas la place qu'il pourrait avoir. Ou qu'on ne l'utilise pas dans toutes les teintes qu'il permet.

Imaginez qu'on puisse dire ans vraiment dire. Imaginez qu'on puisse utiliser le conditionnel par politesse, par égard. Je ne suis pas certain, mais... quelque chose me dit que nous n'avons plus beaucoup de cet égard-là, dans le langage du moins.

Si je veux faire entendre à mon interlocuteur que ce n'est pas exactement ce que je souhaite, cette opportunité qu'il m'offre sans décliner brutalement. Que lui dire?


Le tombeau


Hommage à Michel Chartrand par Amir Khadir en chambre.

Un politicien qui s'exprime bien. Une rareté.

Le tombeau, genre qui vise à rendre hommage à une personne disparue, devient, par les temps qui courent, bien québécois. Les acteurs importants des années 60-70 tombent. Bourgault, Vadeboncoeur, Falardeau, puis maintenant Chartrand. J'en oublie, c'est sûr.

Je sais que ce fut un moment charnière pour les Québécois, une époque où la littérature avait une importance inégalée, où il y avait la montée de l'indépendance, une effervescence des arts, de grands courants de pensée, etc.
Le Québec était déjà nostalgique de cette époque, je me demande ce que cela va être... Ce qui s'écrira aura quelque chose du chant des pleureuses. Une nostalgie un peu dégoulinante, mais qui fait du bien. Histoire d'entrevoir une éclaircie en ces temps de grisaille idéologique.

Michel Chartrand est mort.

La chronique de Gil Courtemanche sur Michel Chartrand.

Celle de Foglia, non pas celle qu'il a écrite sur Michel, mais sur un ancien boss à la veille de mourir. Deux tombeaux de suite ou presque pour lui. Sa chronique sur Chartrand s'intitule « Tabarnak ».

Je souligne le ton unique de pareille écriture : un ton, une émotion qui, il me semble, amène l'écriture ailleurs.

Pratiquez-vous à écrire des tombeaux, ce peut être lucratif.

Les doléances du cinéaste


Des commères. Je ne sais pas si vous avez vu ces échanges entre l'éditorialiste Mario Roy et le cinéaste Xavier Dolan... L'intérêt? Je ne sais trop.

"C'est pas ça que j'ai dit. Non, c'est ça que tu as dit." Des pies.

Dans un premier temps, Mario Roy écrit sur Dolan, qui lui réplique, ensuite vient, par M. Roy, la réplique de la réplique. Voici la réplique de la réplique.

Au-delà du piaillement, on est tellement habitué d'entendre piailler que ce bruit sur le financement, on ne l'entend plus. Il y a un écoeurement de tout ce qui est politique dans l'art, le financement en particulier. Avec raison.

Je crois qu'on déteste un peu Dolan pour cette raison. Pas seulement à cause de la jalousie, pas seulement à cause qu'il est fendant, mais parce qu'il parle sans arrêt de financement. Il a peut-être raison, d'ailleurs. Comme on ne peut se passer de financement, on ne peut cesser de pérorer sur les conditions du financement artistique.

Je n'entends plus le bruit de la rumeur.

Le bruit de la critique se fond dans le bruit des "Zartistes". Je dis ça sans moquerie. Je dis Zartistes parce que parler sans arrêt de financement ce devient un peu déplacé, comme parler d'argent à un souper de famille. Parler de financement quand on parle si peu d'art.

Je trouve que parler financement ça tue l'art à petit feu.
En ce sens, et seulement en ce sens, Roy a un peu raison quand il dit que l'histoire de son non-financement a été l'histoire de son film.

Il a visionné beaucoup de films, il est capable de parler. De la culture cinématographique qu'on veut.

Parle-nous de films, Xavier.